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L’homeopathie noumenale du Dr MASI

L’homéopathie du Dr Masi n’est pas une autre homéopathie, elle est une relecture des écrits de Hahnemann, et des pathogénésies pour en comprendre tout le génie, et en tirer la pleine efficacité. Toute la pensée du Dr Masi est implicitement présente chez Hahnemann, mais il a fallu le regard du Dr Masi pour VOIR ce qui y était et que personne d’autre n’avait vu.
Le noumène, c’est la réalité profonde d’une chose, l’intelligible qui se cache derrière le phénomène accessible aux sens, l’essence d’une chose, d’une substance. Le Dr Masi a voulu éveiller notre regard pour découvrir le noumène de chaque symptôme, le noumène de la substance devenue remède par la pathogénésie, le noumène de la personne qu’on soigne, c’est-à-dire son Âme.

Il va sans dire qu’un tel regard va intégrer dans l’observation du médecin la dimension spirituelle de l’homme.
Ceci est en plein accord avec Hahnemann qui disait : à quoi sert la guérison : à rendre à l’homme le bien-être dans ses sensations, la dignité dans ses actions, et l’orienter vers la réconciliation avec le Grand Esprit que tous les systèmes solaires adorent.

Ce que le Dr Masi a apporté à la communauté homéopathique est essentiellement :

1)  Une approche philosophique réaliste

« Masi a voulu donner à l’homéopathie l’instrument de pensée de la philosophie aristotélico -thomiste, pas pour obliger d’avoir une philosophie particulière, mais au contraire, pour ouvrir les interprétations, pour être plus libre.
Si par exemple, un homme méprise la philosophie, au même temps cet homme vit quand même de manière concrète une certaine philosophie. Et ça, c’est nécessaire pour vivre de manière humaine. Tous les hommes ont besoin d’une certaine idée de la totalité pour organiser tout ce qu’ils vivent.
Donc, la philosophie que nous utilisons pour organiser d’une certaine manière la totalité de ce qui nous arrive, si elle n’est pas toujours assumée de manière critique et consciente, en général, elle fait son travail dans l’inconscient du sujet.
Des philosophies réductrices réduisent la vie. C’est nécessaire d’ouvrir le problème philosophique pour libérer les interprétations.
Dans la philosophie, il y a des maladies de la philosophie, une sclérose de la philosophie quand elle perd sa liberté». Marcelo Gerstner
 

2) Le concept de dynamique miasmatique

 

3) Une méthodologie rationnelle et ordonnée pour étudier pathogénésies et cas cliniques

 

Présentation de la dynamique miasmatique

La dynamique miasmatique, c’est le résultat de l’inter-réactions entre le milieu et le sujet souffrant :. Un symptôme mental de souffrance dite psorique primaire comme la sensation d’être incapable, ou pas aimé, ou fragile, etc, crée un handicap mental contre laquelle la personne va se défendre comme elle peut, avec l’énergie dont elle dispose, et les obstacles ou les aides qu’elle rencontre dans le milieu. D’où 3 types de réactions : 
  • La réaction égotrophique

Le premier effort de la personne sera de nier son handicap. Par exemple si sa souffrance est de se sentir incapable, il va tout faire pour augmenter et prouver sa capacité, d’une manière compulsionnelle, toute l’énergie de sa vie y passe, car la sensation douloureuse intérieure n’étant jamais guérie, il doit toujours être sur le qui-vive pour compenser, et se prouver à lui-même et aux autres qu’il est capable. C’est la réaction égotrophique 1er degré. Si le milieu encourage, (par exemple, donner confiance à l’enfant pour de fausses raisons : ” tu es un Dupont, tu réussiras “), il favorise la réaction égotrophique.
Au 2ème degré, il n’a que faire de cette pauvre faculté humaine qu’on acquiert laborieusement par l’exercice et l’expérience, il a mieux, une faculté supérieure, surhumaine, nous disons ” divine “, en l’occurrence une capacité innée, intuitive, parfaite.
  • La réaction égolytique

Si le milieu s’oppose à la réaction égotrophique du sujet ou le décourage (par exemple, ” c’est tout le portrait de son oncle, on n’en fera rien “), il risque de soulager sa douleur en abandonnant la lutte pour acquérir la faculté en question, dans un processus d’auto-destruction ou égolyse : je suis un incapable, je n’y peux rien, c’est comme ça. Mais de toute façon, encouragé ou découragé, la maladie est la même : la sensation erronée d’être incapable.
  • La réaction alterlytique

C’est la réaction de défense en accusant l’autre d’être responsable de sa souffrance (par exemple, ” c’est parce que mon père ne m’a pas poussé que j’ai abandonné les études “), ou en faisant ressentir à l’autre qu’il porte ce handicap même qui est le mien (” tu ne vois donc pas que tu as toujours été un incapable “). Là aussi, c’est la même maladie, qu’on projette sur autrui.

Exemples de dynamique miasmatique de symptômes typiques de remèdes bien connus

Exemple n° 1 Thuya
Le grand symptôme mental, c’est la fragilité, la peur d’être mis en pièces, de perdre ses connexions.
Illustration clinique : enfant guéri d’une maladie coeliaque avec Thuya. Pourquoi le choix de Thuya ? ll avait la manie de vérifier dans les parkings la solidité des crochets d’attelage des voitures avec leur remorque.
En égotrophie 1er degré, il souligne sa solidité. Il ne peut être mis en pièces, parce qu’il se soumet à une certaine contrainte (qui maintient la connexion d‘éléments divers). Ou bien il prouve sa capacité intellectuelle de réaliser une synthèse cohérente de toutes les notions connues, ou sa capacité à maintenir la cohésion d’un ensemble de personnes.
En égotrophie 2ème degré, il n’a pas besoin de contrainte pour que ses parties restent dans l’unité, il ” dépasse toutes les bornes “. Il est ” le point central autour duquel toute chose doit tourner ” par l’activité de son intelligence créatrice. Il n’a pas besoin de la manière humaine de participer à la cohésion d’un ensemble, il est la tête pensante qui crée un ensemble et le maintient dans la cohésion comme Dieu lui-même maintient les éléments de sa création dans un tout cohérent par son intelligence créatrice.
Illustration clinique : malade ayant eu un résultat spectaculaire sur une grave polyarthrite rhumatoïde. J’ai été mise sur la piste de Thuja quand il me parlait avec passion de son ancien métier, assembleur de pièces, activité qu’il poursuit encore pour son usage personnel :
” C’est un manque de modestie, c’est impudique de vous raconter ça, mais je suis émerveillé de voir que ce que j’ai pensé la veille, écrit avec des chiffres, je le réalise concrètement : je prends mes deux bouts de bois et ils s’assemblent exactement comme j’ai pensé. Et là, Je suis le grand Bon Dieu. J’écrivais pour moi et pour les autres, qui réalisaient ce que j’avais mis par écrit. Je faisais toute la préparation. Une fois, j’avais 1100 morceaux de bois ! et tout s’assemblait ! Je suis sûr qu’un autre modeleur dirait : c’est un menteur ! Eh bien, c’est ma vérité profonde, c’est exactement ça. ”
En égolyse, Thuya a perdu ses connexions, il est mis en pièces.
Illustration clinique : un malade en dépression chronique depuis plusieurs années qui disait : “j’ai une sensation à la nuque, l’occiput, comme une tumeur qui arriverait à rompre les connexions ; parfois, je sens un frisson, comme s’il y avait une connexion qui se faisait et le cerveau se remet en marche, mais c’est très momentané, et alors je suis gonflé, je suis moi-même, je ne rase plus les murs, ça me redonne de l’énergie, de la prestance ; ce qui me fait dire que le reste du temps les connexions ne se font pas “.
Donc tout l’état dépressif est le résultat de connexions qui ne se font pas.
Le malade a guéri avec une seule dose de Thuya.
En hétérolyse, Thuya souligne la fragilité de l’autre.

Exemple n°2 Nitric acid
Il ne supporte aucune erreur et ne pardonne à personne son erreur.
Le sujet est écartelé entre la justice inflexible (” garde rancune même si l’autre s’excuse “) et la miséricorde (” commisération “). La même chose envers lui-même : ” grande pitié pour lui-même “, et ” horreur qu’on ait pitié de lui “. Et il a perdu la capacité de réfléchir.
Masi dit que c’est le juge qui est dans l’incapacité d’accorder l’exacte justice avec la miséricorde.
Dans l’hétérolyse, il n’a pitié de personne.
Dans l’égotrophie il peut être, ou le juge inflexible ou, le dispensateur de toute miséricorde. Ce sont les deux extrêmes permettant de nier sa difficulté, à savoir la capacité de l’intelligence de trouver la juste mesure entre la justice et la miséricorde.
Dans la psore, il hésite perpétuellement entre les deux :
Illustration clinique : l’institutrice qui vivait dans la hantise de l’erreur au niveau de la correction de ses copies, au point de tomber dans une dépression profonde : ” je passe un temps fou sur mes copies, pour être le plus juste possible, j’y reviens sans cesse, je n’ai jamais fini”. C’est un vrai TOC, qui rend la vie insupportable. 4 doses de Nitr.ac l’ont délivrée.

Exemple n° 3 : Nux Moschata
C’est la dynamique miasmatique par rapport à la sensation de ridicule. Les 3 attitudes sont bien exprimées dans la pathogénésie :
Une des souffrances psoriques est celle d’être ridicule : ” Elle disait et faisait de nombreuses choses comme si elle était idiote, et l’instant d’après elle était chagrinée de sa conduite et disait qu’elle ne pouvait pas se contrôler “. Il se voit ridicule dans son aspect même : les parties de son corps diminuées ou trop grandes, deux ou trois têtes, etc.
Egotrophie : Il utilise le ridicule pour se faire remarquer : ” après les avoir fait rire jusqu’à 1h du matin, j’allais me coucher “. Donc il nie son infirmité d’être ridicule pour une qualité, être comique
Egolyse : Il tombe dans le ridicule : ” Il faisait beaucoup d’actes ridicules et extravagants. Il semblait infantile et idiot. Gestes étranges, langage impropre. ” ” illusions ridicules “.
Hétérolyse : C’est les autres qui sont ridicules : ” Tout lui semblait ridicule quand elle retrouvait la mémoire “. ” Il essayait de voir quelque chose de ridicule en tout “. ” Tout provoque le rire “.
Illustration clinique : Une danseuse atteinte d’ostéomes qui mettaient sa carrière en jeu, guérie depuis 88 grâce à Nux Moschata dont elle avait exprimé parfaitement la dynamique :
” quand je n’arrive pas à faire un pas dans la danse, j’amplifie le ridicule, je me vois de l’extérieur, j’en rajoute, je fais rigoler les autres et moi-même (réaction égotrophique). Avant, j’avais l’impression que les autres étaient ridicules (réaction alterlytique), et maintenant, ça se retourne sur moi, je me vois danser avec mes grosses cuisses et mes limitations articulaires, et je me trouve ridicule” (réaction égolytique).

Exemple n° 4 : Drosera
Drosera a deux grands symptômes égotrophiques :
Celui de la bonne conscience : “Il n’avait pas peur du malheur, parce qu’il était conscient d’avoir agi comme il faut ” ;
Celui de la méfiance d’autrui : plein de défiance, comme s’il n’avait à faire qu’à des menteurs “.
On en déduit le doute psorique de base conte laquelle il se défend : suis-je capable de bien agir, et la projection alterlytique : les autres ne sont pas capables de bien agir. La pathogénésie d’ailleurs le dit : ” extrêmement déçu par des hommes dont les intentions sont pleines de ruses “. ” Il est déprimé à cause des difficultés de la vie que les hommes se provoquent les uns les autres et à lui-même “.
Illustration clinique : une malade guérie par Drosera en 1986 d’une glomérulonéphrite évoluant depuis un an et demi et à qui on promettait le rein artificiel à brève échéance. Pas de rechute depuis. Elle vivait la peur de mal agir (moralement), avec une compulsion à faire son devoir et à en rajouter, pour apaiser l’angoisse constante du châtiment auquel s’attendait son imaginaire. Leitmotiv exagéré : les pays riches qui exploitent les pays pauvres, et se sentait coupable, cette culpabilité était un fantasme, un produit de son imaginaire malade, car n’avait rien de réel dans sa vie : elle n’exploitait personne, élevant ses 5 enfants avec le petit salaire du mari.
  

Méthodologie pour étudier pathogénésies et cas cliniques

Le Dr Masi nous a appris à relire nos vieilles pathogénésies à leurs sources selon une méthodologie précise, afin de les comprendre dans leur profondeur et leur dynamique.
1) Nous les lisons dans leur langue originale ; nous les traduisons, nous étudions les mots les plus significatifs dans toutes leurs acceptions grâce à divers dictionnaires.
2) Nous classons les symptômes par thèmes. Par exemple : thème de la connexion, et nous mettons sous cette rubrique tous les symptômes portant ce mot ou son inverse (déconnexion).Nous cherchons à dégager les thèmes les plus frappants, les plus originaux, les plus inusités, les plus spécifiques, comme le demande Hahnemann au § 153 de l’Organon.
3) Puis nous reprenons les symptômes pour les classer selon la hiérarchie des grandes fonctions humaine
Niveau spirituel : Intellect, volonté, mémoire intellectuelle
Niveau sensible :
De la connaissance : les sens, imagination, mémoire sensible
De l’affectif : 6 passions du concupiscible (amour, haine, désir, aversion, joie, tristesse), et 5 passions de l’irascible (crainte, audace, espoir, désespoir, colère)
Niveau végétatif : nutrition, génération, croissance
Etape la plus touchée de l’acte humain
4) Puis nous reprenons les symptômes mentaux en les classant par symptômes de souffrance et symptômes de réaction à la souffrance selon la dynamique miasmatique expliquée plus haut : égotrophie avec ses deux degrés, égolyse, hétérolyse.
5) Puis les symptômes de souffrance pure sont analysés selon les 5 noyaux : sensation de perte d’une faculté humaine, nostalgie pour le temps ou elle n’était pas perdue, sensation de culpabilité pour une faute + ou – imaginaire qui a mérité cette perte, peur du châtiment pour cette faute, justification de cette faute.
Nous aboutissons ainsi à l’hypothèse centrale du handicap personnel du remède (pathogénésie) ou du malade (cas clinique) qui va être à l’origine de tous les symptômes, tant psychiques que physiques de cette pathogénésie.
A partir de la perte de la faculté humaine particulière au remède, nous déduisons la faculté dite ” divine “, c’est-à-dire la même faculté portée à une dimension infinie qui est tellement désirée par l’inconscient (ou quelquefois le conscient) du malade qu’il en a méprisé la faculté humaine correspondante, et l’ayant méprisée, ne l’a pas mise en exercice et l’a perdue. C’est ce que nous appelons ” attribut divin envié “, qui est le haut de la pyramide où s’enferment tous les symptômes de la pathogénésie et les symptômes qui peuvent être déduits par le raisonnement à partir de l’hypothèse ; en effet, cet attribut divin, comme la perte de la faculté humaine correspondante, permettent d’envisager toutes les possibilités d’expression de ce même remède à l’intérieur de la pyramide dont la pointe est l’attribut divin envié.

PS : cet attribut divin est une réflexion d’ordre philosophique et n’est donc pas spécifiquement chrétienne. Cependant le lecteur pourra trouver dans les discussions des réflexions imprégnées de la foi chrétienne : il est normal et souhaitable que les chrétiens cherchent à faire une synthèse cohérente de ce qu’ils découvrent des réalités naturelles qui se présentent à leur intelligence et des réalités spirituelles qui se présentent à leur foi. Cependant cette approche n’est pas indispensable pour la démarche masiste. Il y a des agnostiques parmi nous.
 

Auteur: Association Française pour l’approfondissement de la doctrine Hahnemanienne (AFADH).

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